Cédric Pinard (MFR de Dax – Oeyreluy) : Écouter les besoins, rendre possibles des vocations

Icifornie - Entretien - Cédric Pinard - juillet25

À la MFR de Dax, Cédric Pinard forme autrement : écoute, pédagogie inversée et métiers du réemploi pour redonner sens et confiance aux jeunes.

L’interview en intégralité :

Cédric Pinard, Cadre chargé du développement de la formation à la MFR de Dax – Oeyreluy

10 juillet 2025, locaux du Kl’hub à Mugron

Installés dans un petit bureau du Kl’hub transformé en studio d’enregistrement pour l’occasion, le soleil tape déjà fort sur les fenêtres. Je demande à Cédric de me parler de lui : son parcours, son rôle et son engagement à la MFR, les valeurs et les rêves qui le portent. Depuis 5 ans, Cédric est responsable chargé du développement et responsable des formations techniques à la MFR de Dax-Oeyreluy et accompagne l’ouverture des classes techniques en France. Une intégration comme une évidence, qui parle aussi de son attachement au territoire chalossais.

« je suis arrivé ici pour les contrats, j’y suis resté pour le plaisir. C’est une ligne de conduite que je me suis toujours fixée : prendre du plaisir dans ce que je fais. Et mon plaisir, c’est de transmettre aux autres. »

Il poursuit, amusé : « si on m’avait dit un jour que je serais prof, je ne l’aurais jamais cru ! ».

Il faut dire qu’à la MFR, on ne propose pas des formations tout à fait comme les autres. « On est sur de la pédagogie inversée : les jeunes font des stages en entreprise, ils nous font un retour d’expérience, et les cours sont ensuite écrits à partir de l’expérience vécue sur le terrain. » Une manière concrète de reconstruire du sens dans les apprentissages, un enjeu déterminant pour des jeunes (et des moins jeunes !) qui ont longtemps cru que sans bulletin de notes potable, ils trouveraient difficilement leur place.

Cette confiance en l’avenir, elle se construit pas à pas. À travers les valeurs fortes incarnées par les intervenants de la MFR : compréhension des besoins de chacun, bienveillance, adaptation au cas par cas.

Ils pleurent quand ils arrivent et ils pleurent quand ils partent d'ici

Cédric ajoute : « ces jeunes, ils pleurent quand ils arrivent, et ils pleurent à nouveau quand ils partent d’ici ». La MFR, ce n’est pas simplement un centre de formation. C’est avant tout une maison, leur maison. Celle dont ils vont aimer prendre soin au fil de leurs apprentissages, dans laquelle ils vont tisser des liens, des amitiés, construire leur projet d’avenir, retrouver de l’espoir.

À l’image de ce jeune homme de 22 ans, souffrant de troubles issus du spectre de l’autisme, déscolarisé depuis 7 ans. « On a mis en place un cursus sur 2 ans pour s’adapter à ses possibilités de concentration, ses contraintes, afin qu’il puisse suivre sa formation dans des conditions adaptées pour lui. Il a de grosses capacités, que personne n’était en mesure de déceler. »

De belles histoires qui se multiplient ces dernières années dans les Landes. Pas de baguette magique, mais une volonté farouche de participer à un territoire zéro chômeurs. La MFR entretient des liens étroits avec les associations de réinsertion professionnelle de Dax, Mimizan, Soustons… « Y’a du boulot à ne plus savoir qu’en faire ! » dit Cédric avec une lueur d’espoir dans les yeux.

À ce titre, la loi AGEC peut faire effet boule de neige, et Cédric en est bien conscient : un objectif clair, ouvrir une recyclerie dans chaque communauté de communes des Landes en 2025. Une occasion parfaite de faire connaître et valoriser des métiers du réemploi, essentiels mais méconnus. Avec seulement 250 formés par an, et 40% des  techniciens bientôt à la retraite, la pénurie se fait sentir chaque jour davantage.

Une loi qui va dans le sens logique de l’histoire, mais inapplicable en l’état. Pour Cédric, l’enjeu est clair : il faut susciter des vocations, donner envie d’embrasser une carrière nouvelle qui a du sens, avec des métiers qui « associent de la technicité, des compétences, et un geste pour l’environnement », mais aussi éduquer à l’anti-gaspi !

Le déjeuner du concierge

Une heure plus tard, c’est au premier « déjeuner du concierge » organisé par le Kl’hub que je retrouve Cédric. Une rencontre informelle et joyeuse, mêlant élus, entreprises et organismes de formation autour d’un buffet coloré.

Pour lui, cette occasion était évidente : « être là aux côtés d’Icifornie, ça tombe sous le sens. On partage les mêmes intuitons, les mêmes envies profondes pour le territoire. » Quand je lui parle de concurrence éventuelle entre structures, il hausse doucement les épaules, un sourire serein sur le visage :

« Cette notion de concurrence ne devrait même pas exister, me dit-il. Ce qui compte, c’est l’écoute, le dialogue, le partage. Il ne s’agit pas d’ego mais bien d’être présents pour répondre à un besoin. »

Autour du buffet convivial d’aujourd’hui, c’est exactement ce qui se joue : un premier pas pour se connaître mieux, se comprendre vraiment, et commencer à agir ensemble.

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