Atelier « Se former près de chez soi », une perspective pour chacun

Icifornie - Évènement - atelier se former près de chez soi - Kare

Présentation du dispositif "Se former près de chez soi" porté par la Région Nouvelle-Aquitaine et France Travail

9h, Mugron.
Le Kl’hub s’éveille dans une odeur de café chaud. Sur la table des croissants encore tièdes. Marina, Déborah et Jean-Baptiste, les 3 animateurs du programme, poussent la porte, salués par Gilles. Visite éclair des lieux : les communs, l’espace de coworking, le fablab, et le KARE où aura lieu l’atelier tout à l’heure.

Gilles raconte la genèse du projet : « se former près de chez soi, c’est le leitmotiv d’Icifornie, la preuve de concept qu’on est en train de déployer ici. Alors que vous soyez là, même s’il n’y a que 3 pinpins qui viennent ce matin, c’est important !« .

9h38, dehors la chaleur monte déjà. 39 degrés annoncés.
Mais dans le KARE il fait bon. Chaises et canapés attendent les participants. L’endroit a quelque chose de familier. Pensé comme une alternative conviviale et chaleureuse à la salle de formation ou de réunion, cet ancien magasin a été investi par l’équipe du Kl’hub en 2024, et transformé en lieu d’accueil collaboratif.

Les premières personnes arrivent dans le calme.
Un grain de sable technique s’invite : HDMI1 ou HMDI4 ? Flûte, la présentation fonctionnait pourtant hier…
Une dernière personne entre, un peu essoufflée d’avoir tourné 10 minutes avant de trouver l’entrée. Le remue-ménage autour de l’écran lui laisse le temps de se poser.
Ouf, c’était juste un problème de câble. Tout roule.

Quatre jeunes hommes et une femme attendent patiemment.
Déborah représente France Travail. Marina et Jean-Baptiste travaillent à la Région Nouvelle-Aquitaine au pôle Formation Emploi, territorialisés sur les Landes et basés à Mont de Marsan. Ensemble ils déploient le dispositif « se former près de chez soi » sur le territoire, pour le rapprocher des habitants.

Un premier tour de table est lancé.

Chacun dit son parcours, ses envies, ses doutes.
Damien cherche un emploi. Il a reçu l’invitation, est venu « pour voir ». Il aimerait se former, le domaine reste flou.
Ousmane vit à Mugron depuis deux ans, mais n’a pas encore pu trouver de travail.
Mohamed, demandeur d’asile, est en France depuis deux ans et à Mugron depuis huit mois. Avec le Kl’hub, il est engagé dans le projet Palette de possibles*, et apprend le français avec Isabelle.

« La plomberie, c’est mon rêve depuis très longtemps. Je viens tenter ma chance, et écouter ce que Pôle Emploi a à dire« .

Rachel a 56 ans. Beaucoup de cordes à son arc. Son dernier poste : auxiliaire de vie. Un métier physique. Elle vient d’être opérée du canal carpien. Fin janvier, elle a quitté son entreprise. Ça n’allait plus avec la direction, et les douleurs persistantes l’empêchent de récupérer aussi vite qu’avant.

« Ça m’a fait froid dans le dos, de travailler en Ehpad. Secouer des personnes âgées à longueur de journée, ce n’est pas mon éthique. Vite, aller toujours plus vite. » Son enjeu : trouver près de chez elle un emploi qui corresponde à ses capacités.

Gattuoch est demandeur d’asile lui aussi, à Mugron depuis un an. Il veut se former, travailler, s’intégrer. Lui aussi participe au programme « Palettes ».

« On enrichit notre vocabulaire, les mots, il y a plein de matériel qu’on peut utiliser. Ça me fait du bien. Je veux trouver une situation et m’en sortir. »

Le dispositif

Les formations présentées ce matin sont majoritairement qualifiantes (niveau bac minimum) : apprendre un métier, des gestes professionnels. Obtenir un titre professionnel reconnu sur tout le territoire.

Deux grandes familles de formations se distinguent :
– diplômantes : CAP, BEP,…
– remise à niveau (plus courtes, de 3 à 6 mois) : en français, maths, compétences numériques.

Ces formations sont financées par la Région. Sans droit au chômage, une rémunération de la Région est possible pendant la formation.
Pas de prérequis, pas de test d’entrée. Une immersion professionnelle suffit pour valider le projet.
La pédagogie est individualisée : si un apprenant doit renforcer une matière, l’organisme adapte. Résultat : un taux de réussite élevé.

Le catalogue qui donne des idées

Marina et Jean-Baptiste déroulent la liste 2025 pour la Nouvelle-Aquitaine :
– Aéronautique à Peyrehorade ou Oloron : secteur porteur avec un taux de retour à l’emploi très élevé, « Safran recrute à tour de bras en ce moment« .
– Peinture industrielle : une compétence recherchée dans des PME-PMI d’Urrugne et St Geours de Marennes.
– Maintenance automobile, soudure, technicien de maintenance industrielle : savoir vite identifier et résoudre une panne sur une chaîne de production.
– Conducteur poids lourds, magasinier, tractoriste.
– Négociateur technico-commercial, réceptionniste, pâtissier.
– Charcutiers traiteurs et bouchers : difficulté à recruter, pourtant le taux d’embauche est élevé.
– Tertiaire, sport, de la sécurité.
– Sanitaire et social, thermalisme : « le retour à l’emploi est incroyable ! Avec Dax comme première ville de France du thermalisme, il y a de belles opportunités d’embauche. »
– Animateur en gérontologie : animer des ateliers, monter des projets pédagogiques dans les Ephad. Une session démarre en octobre à Pontonx.

Rachel a le regard qui s’illumine :
« Pontonx ? C’est à 12 minutes de chez moi ! Je pensais que ces structures n’avaient pas les moyens d’embaucher une animatrice à plein temps. Mais moi j’ai plusieurs casquettes, je pourrais faire de l’hybride : accueil, animatrice, aide en gérontologie… ».

Rachel visiblement animée par ces possibilités nouvelles, poursuit :
« Je n’ai pas trop envie de faire 20km pour nettoyer des truites, ça ne m’intéresse pas. Mais 20 ou 30km pour animer un atelier pour papi mami, c’est pas la même chose ! J’ai fait les Beaux-Arts, je sais dessiner, je connais bien la musique. L’émission « n’oubliez pas les paroles »… à chaque fois que j’allais chez les vieux, je chantais avec eux. »

Marina lui donne les coordonnées de l’organisme : « Appelez vite pour vous positionner. »

La liste reprend : développeur web, métiers du cheval…
« Attention, on fantasme souvent, mais palefrenier, c’est surtout de l’entretien, du nettoyage de box.« 

Rachel sourit, espiègle :
« Ça ne m’étonne pas, ramasser du crottin de cheval, c’est pas donné à tout le monde ! Moi j’ai ramassé des crottes, mais c’était pas les mêmes… Un peu d’humour !« .

La plomberie, ici et maintenant

Ousmane vient de s’inscrire à une formation plomberie qui démarre le 15 septembre à Mont de Marsan. Mohammed se redresse, très intéressé. On ouvre en direct le portail d’inscription.

« Ah mince, cette formation est complète. Mais contactez l’AFPA, ils vont peut-être trouver une solution, ou avoir un désistement. »
Mohammed ne se démonte pas : « Je voudrais voir les possibilités sur Pau« .
Bingo : il reste une place pour une session débutant le 23 septembre, avec hébergement pris en charge.
Mohammed : « Y’a pas de souci, je prends ! »
Jean-Baptiste : « On peut vous inscrire maintenant en direct. Vous êtes sûr de votre projet ?« 
Mohammed : « Oui je suis sûr ! Et depuis longtemps.« 
Le sourire dit le reste.

L’accompagnement au cas par cas

L’atelier devient plus intime. Chacun fait le point avec un animateur.

David vise une formation d’agent de reconditionnement numérique. Marina le positionne sur une réunion d’information le 3 juillet à Mont de Marsan.

Gattuoch s’oriente vers la menuiserie. Une session démarre en octobre à Morcenx.

Gilles intervient :
« Je pense à la conciergerie d’Icifornie. Je connais Olivier, le responsable pédagogique de cette formation, Olivier. Je l’appelle.
Pour les trajets on peut s’organiser : co-voiturage jusqu’à la gare de Mont de Marsan le lundi matin et le vendredi soir, train pour Morcenx, le centre de formation est accessible à pied. On peut voir avec Olivier pour délocaliser certains modules ici à Mugron, à l’atelier du bois. Cela éviterait des déplacements trop fréquents. »

On repart avec quelque chose

Les entretiens s’achèvent. Les participants s’éclipsent un à un.

Avec le sentiment d’avoir été écoutés, et cette phrase, presque une promesse, laissée par les animateurs :

Vous ne restez pas sans solution, c’est ça qu’il faut retenir.

* Palette de possibles : une aventure collective pour révéler les talents des jeunes à Mugron. https://leklhub.fr/retour-sur-latelier-palettes-de-possible/

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