Gaëtan Jacob, co-directeur du centre de formation PERF à Tarnos.
Lors du déjeuner du concierge à Mugron, nous avons échangé avec Gaëtan Jacob, co-directeur du centre de formation PERF, un acteur engagé de l’insertion et de la formation professionnelle dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Une conversation sur les liens entre formation, territoire, coopération… et convictions profondes.
Un rapprochement naturel
Gaëtan : « Ce qui m’a attiré ici, c’est ma rencontre avec Gilles, il y a un peu plus de six mois. Il m’a parlé de conciergerie solidaire, et j’ai voulu en savoir plus. Aujourd’hui, je découvre un concept vraiment abouti, un modèle économique solide, une démarche qui donne envie de participer. »
Installé à Tarnos, le centre de formation PERF agit depuis plus de 40 ans sur le sud des Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Des besoins très concrets sur le territoire
Dans les zones rurales, comme ici à Mugron, on parle souvent de zones blanches de la formation, dans lesquelles proposer des parcours professionnels relève souvent du défi logistique.
Gaëtan : « Nos besoins sont assez évidents en termes de maillage territorial. Dans les zones rurales, proposer une formation relève de l’exploit.
Les tiers-lieux sont de véritables centres de ressources, souvent mal identifiés. Avoir un point de repère comme le Kl’hub avec Icifornie, c’est un confort et une chance pour pouvoir proposer de la formation là où il n’y en a pas.
Un lieu à partir duquel on peut tisser quelque chose. »
Gaëtan : « Ici, le public jeune doit souvent partir vers des zones plus denses. A l’inverse, de jeunes urbains aimeraient venir s’installer ici. Faute de mobilité, et d’offre de formation adaptée, ces envies sont souvent stoppées nettes. Il y a une vraie dissonance entre les envies et les possibilités concrètes.»
Offrir des solutions locales, c’est aussi leur redonner du pouvoir d’agir.
Des formations au cœur des transitions
Parmi les axes de travail du PERF : la formation en éco-construction, avec des matériaux biosourcés, comme le chanvre. Un croisement entre écologie, ruralité et savoir-faire locaux, qui s’intègre parfaitement dans les enjeux actuels.
Gaëtan : « Il y a un lien très fort à tisser entre les territoires agricoles, producteurs de matières premières, et la construction écologique, qui redonne du sens à ces filières.
Ces modèles doivent être promus. Ils sont essentiels. »
Coopérer, pas simplement collaborer
Gaëtan : « La coopération, c’est l’essence même de notre centre de formation. À l’origine, nous étions le Foyer des jeunes travailleurs de Tarnos, un lieu de vie, d’accueil et d’émancipation. En 1979, nous avons lancé notre première action de formation, pour répondre aux besoins du territoire et de sa jeunesse.
Depuis, le PERF a grandi, s’est structuré, et a rejoint pleinement le mouvement de l’Économie Sociale et Solidaire. Notre développement s’est construit aux côtés de deux structures partenaires qui travaillent sur les questions du logement, de la mobilité, de l’alimentation, et bien sûr, de l’accès à l’emploi.
Dans les territoires comme le nôtre, cette logique coopérative est essentielle.
Plus que de simples collaborations ponctuelles, nous croyons à une coopération inscrite dans la durée, dans la confiance. »
Une coopération qui s'étend au-delà du territoire
Et quand une structure du Lot-et-Garonne, à plus de trois heures de route, identifie un même besoin en zone rurale ? La logique coopérative se met en mouvement.
Gaëtan : « Nous portons une logique d’incubation de formations en éco-construction. À ce jour, nous sommes le seul organisme de formation agréé à pouvoir dispenser le titre d’ouvrier professionnel en éco-construction. Une structure du Lot-et-Garonne a identifié un besoin de formation sur ces questions dans une zone rurale assez proche des caractéristiques que celles que l’on peut rencontrer ici en Chalosse. Au départ, on nous sollicitait juste pour porter l’agrément.
Mais très vite, on a partagé notre ingénierie, nos outils pédagogiques, notre expérience.
On est allés sur place, on a passé deux jours à travailler ensemble début juillet.
Résultat : un dossier de financement à plus de 600 000€ déposé la semaine dernière auprès de la Région, pour le portage de deux sessions de formation, jumelées sur deux territoires différents. C’est un bon exemple de logique coopérative, qui s’est fait très naturellement.»
De la Savoie aux Landes, un parcours guidé par les valeurs
Gaëtan : « Je ne suis pas Landais d’origine, je viens de Savoie. J’ai travaillé dans la formation, un peu dans la recherche…
Et puis, il y a une dizaine d’années, j’ai rencontré une équipe, notamment l’ancienne directrice du PERF. Ce qu’elle m’a fait ressentir en termes de valeurs : la dimension humaine, la coopération comme logique de travail… C’est quelque chose que je ressentais au fond de moi, mais que je n’avais jamais vraiment vécu, ni conceptualisé. Je l’ai vu prendre forme ici.
Pour la première fois, je me suis dit : “ça y est, je suis en phase.” »
Un rêve pour demain
Gaëtan : « J’aimerais que chaque apprenant, quel que soit son âge, puisse trouver une formation qui résonne avec ses projets.
Même si les projets changent tout au long de la vie.
Ce qui compte, c’est que ce soit sécurisant, durable, aligné avec qui l’on est.
Mon rêve ? Que chacun puisse travailler dans un métier qui lui plait.
Et où il se sente utile. »
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